Il était une fois en Amérique

ATTENTION SPOILERS

Il m’a fallu 3 jours pour visionner l’entièreté de ce film. Durant mes vacances, j’ai préféré dédié mes après-midi à voir cette œuvre d’une durée de près de 4h.
Si je décide d’en parler, c’est parce que Once Upon A Time In America détient les points cruciaux attribués aux films que j’aime.

Simple recette pour adorer un long métrage, de quoi avons-nous besoin ?

  1. Un des meilleurs acteurs de tous les temps : Robert Fuckin’ De Niro

  2. Un compositeur génial : Maître Ennio Morricone

  3. Un thème violent : la pègre

Je peux terminer ainsi cette critique. Néanmoins, je compte insister sur quelques caractéristiques au sujet de l’œuvre de Sergio Leone. Upon A Time In America se déroule aux lueurs du vingtième siècle, dans un ghetto juif new-yorkais, et traite des aventures de 5 camarades qui grandissent ensemble. Au sein de ce milieu sans foi ni loi, le spectateur suit particulièrement le parcours du jeune et pauvre Noodles. Ce dernier tombe follement amoureux d’une fille voulant devenir actrice, Deborah. Il est aussi accompagné de Max, son coéquipier et frère d’arme. Ensemble, ils vont vivre de nombreuses péripéties pour survivre dans les bas-fonds. A eux-deux, ils sont à la tête d’une petite bande de canailles. Ils mènent alors une vie faite de magouilles, d’arnaques en tout genre.

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Leur ennemi, nommé Bugsy, assassine un des leurs. Noodles abat froidement le meurtrier pour venger son ami. Jugé par la suite pour son crime, Noodles va passer une grande partie de sa vie en prison. A sa sortie, Max l’accueille en lui annonçant qu’un commerce d’alcool de contre-bande l’attend. Il devient accro à l’opium et son amour pour Déborah n’est que grandissant.

Bourré d’anti-héros, Once Upon A Time In America est rempli de scènes pas très catholiques : viols, meurtres ou encore braquages. Noodles, interprété par Robert Damn De Niro, et Max, joué par James Wood, sont deux figures incroyables, à savoir, des hommes sans scrupules. Ils sont prêts à atteindre chacun de leurs buts, les plus dangereux soient-ils. Si l’on se demande parfois s’ils ne sont pas victimes de leur bestialité, on est sûr par contre qu’ils en usent comme moyen d’expression, d’affirmation personnelle.

Bien que le commencement soit compliqué de sens mais révélateur d’un grand nombre de choses pour l’intrigue, il est à l’image d’un Sergio Leone au sommet d’une réalisation des plus modernes. Une fois ce constat remarqué, une question mérite d’être posée. Pourquoi ce long métrage dévoile un imaginaire unique en son genre ? Grâce à sa capacité à présenter un protagoniste extraordinaire : le temps. D’ailleurs, le cinéaste, lors d’une conversation avec l’historien Noël Simsolo, avouait :

La particularité de l’opium est d’être une drogue qui vous fait imaginer le futur comme le passé. L’opium crée des visions de l’avenir. Les autres stupéfiants ne vous font voir que le passé. (…) Noodles n’est jamais sorti de 1930. Il rêve tout. Tout le film est le rêve d’opium de Noodles à travers lequel je rêve les fantômes du cinéma et du mythe américain.

Les créateurs d’Inception peuvent aller se rhabiller ! Ce détail a toute son importance, lorsqu’on analyse cette fresque américaine. A un instant précis du récit, Noodles n’est plus et ne sera jamais. Emporté dans ce qui semble une aventure onirique, je ne pense pas que tout spectateur sache que ce film porte une marque de modernité claire et manifeste.

Que ce soit les trois périodes d’existence des personnages, ou l’évolution de New-York ne perdant rien de sa froideur selon les époques, le temps est omniprésent. Le temps ravage les consciences, sépare et trace différents destins.

Noodles, éloigné de Déborah, loin de son milieu, ressort de sa peine carcérale comme s’il devait encore prouver au monde qu’il ne craint rien, si ce n’est de ne pas aimer celle qu’il a toujours aimé. On essaye d’imaginer son futur lavé de tous péchés et d’oublier son douloureux passé.

Tandis que certaines scènes se passent sans aucune musique de fond, où le silence fait place à l’horreur, d’autres, où l’on aperçoit des personnages pensifs ou tristes, sont orchestrées par la douceur des violons morriconiens. Cette douceur en question amène à une atmosphère rappelant la dure vie de hors-la-loi, créant par la même occasion un paradoxe fou. ‘Yesterday’ des Beatles, repris au piano ou aux violons, participe également à emplir le film de mélancolie.

La musique de Morricone résume également tout le chagrin d’une séquence particulière. Je pense au moment où Noodles arrive à la gare, voyant Deborah s’en aller en train, le laissant seul sur les quais.

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Comment démontrer que cette musique est magique ? Elle influence les spectateurs à ressentir de la compassion pour les personnages principaux. Pour ma part, malgré le fait de m’être souvent attaché à des anti-héros plus que détestables, et malgré ma pitié envers la bande à Noodles galérant énormément pour survivre dans les rues, il m’est impossible de me lier à ces hommes rusés et impitoyables.

Alors pourquoi avoir vu ce film ? Pour toutes les raisons déjà citées et bien d’autres. Les actes portés par les protagonistes sont vraiment infâmes à regarder. Cependant, il n’y a rien de gratuit, tout est explicable. Quand l’on sait que Noodles a passé sa jeunesse en prison, qu’il a tué quand il était adolescent… ou que le plus grand rêve de Max a toujours été de braquer une énorme banque, est-il si étonnant de noter que ces types agissent tels des monstres ?
Je ne caricature en aucun cas un genre de criminel pré-formaté. Le film développe tellement bien le passé de chacun des personnages, qu’il est simple de comprendre qu’ils sont nés et qu’ils ont toujours vécu dans une violence qui les a fortement influencée. En d’autres mots, ce film, baigné dans l’agressivité pure et dure, raconte la folle histoire de cinq amis, liés par le cordon ombilical de l’anarchie.

Autre point incroyable : l’évolution de New-York, en simultanée avec celle du groupe d’amis. Entourés de décors sublimes reconstituant la vieille ville, Sergio Leone et son équipe exposent parfaitement le basculement temporel (ancien à moderne), en reconstituant la Grande Pomme.

Once Upon In A Time America, dans son ton cru et cruel, nous propose de découvrir les fascinantes fatalités de camarades qui n’avaient peur de rien, surtout pas de l’illégalité. Une histoire où diverses facettes humaines ne sont pas mises de côté, donnant l’opportunité aux spectateurs de réfléchir selon leurs vécus et émotions.

brunoaleas

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