Mangas

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Naruto, toujours aussi bouleversant ?

Il est 15h30, la cloche sonne. Je mets tout dans mon sac et me dirige vers le bus scolaire. Je n’ai qu’une seule hâte, revoir mon compagnon d’infortune. J’arrive devant la maison, je rentre. Je suis beaucoup trop impatiente. Je m’installe devant la TV. Naruto est là, l’aventure peut commencer. Je plonge dans un récit où le personnage principal est rejeté de tous parce qu’il accueille en lui un Démon Renard à Neuf Queues. Il devra se battre pour se faire accepter des autres ninjas du village de Konoha.

J’ai 11 ans lorsque je fais la rencontre de cet anime. Cette œuvre me procure des émotions suffisamment fortes pour me donner l’impression que l’univers des ninjas existe et que j’en fait partie. Quand on est une enfant aux amitiés bancales qui a du mal à trouver sa place, ce monde devient quasi instantanément un endroit où je me sens épanouie. Naruto Uzumaki, à travers son parcours, sa ténacité et sa joie de vivre, a pu, d’une certaine manière, me soutenir.

J’ai 23 ans. J’enregistre une série de podcasts pour une Maison de Jeunes où j’effectue mon stage. Ayant plus que remarqué l’attrait de quelques adolescentes pour les mangas, je décide d’entamer une discussion sur ce sujet. Après quelques minutes d’échange, nous citons Naruto. Là, je suis surprise et touchée. Des larmes coulent sur le visage de 2 d’entre elles. Le petit rejeté de Konoha les chamboule.

Naruto est une œuvre bouleversante parce que Naruto Uzumaki a été discriminé. Il a perdu ses parents, il a été tout seul toute son enfance. Ça m’a bouleversé parce que parfois, ce sont des choses qui arrivent dans la vrai vie.
Le voir évoluer, devenir Hokage et papa, c’est trooop. C’est vraiment une leçon de vie, une leçon de morale. Ça montre que le travail paye. –
Anonyme, 18 ans

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Ce qui me bouleverse, c’est le fait qu’il soit seul versus le reste du monde. Tu le vois petit sans personne et là, il est suivi même par les personnes qui le jugeaient. Naruto n’est pas devenu méchant alors qu’il aurait pu le devenir après tout ce qu’il a vécu. Anonyme, 17 ans

12 années s’écoulent entre le moment où je découvre Naruto pour la première fois et l’instant où ces jeunes ont été chamboulées. Pour moi, la force d’un manga réside dans sa capacité à changer, bousculer, aider, faire évoluer le réel. La première partie consacrée à Naruto (à la différence de sa suite nommée Shippuden) réussit avec brio ce défi… ce shonen m’a aidé. Il a montré à ces jeunes que tout était possible malgré l’adversité. Nous nous sommes reconnues en lui et ce, peu importe la génération.

Ce que je trouve le plus bouleversant et impressionnant, c’est que même si Naruto a été seul, moqué de tout le monde, il a su garder sa fierté, il ne s’est jamais rabaissé à se dire que c’était fini. Il a toujours cru en lui, même si personne ne croyait en lui. Même si tout le monde lui tournait le dos, lui était là pour lui. Au final, lorsqu’il a grandi, les gens étaient là pour lui. Ce retournement de situation est bouleversant. Il est toujours resté fidèle à Sasuke. Il a toujours gardé ses valeurs. Il a essayé de le chercher, de le faire revenir à la raison. Franchement digne d’un vrai ami. Anonyme, 15 ans

Mouche – Illustrations ©Masashi Kishimoto

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Ranking of Kings

Les malédictions seraient-elles parfois des bénédictions ? C’est grâce à mes souffrances que je peux aimer comme ça. C’est grâce à mes larmes que tes baisers sont si doux. Et il n’y a aucun malheur que l’amour ne saurai pardonner.

Ranking of Kings, qui se traduit par Le Classement des Rois, à la particularité d’avoir été réalisé par Sōsuke Tōka, un créateur de livres pour enfant. Lorsqu’il a commencé à écrire l’histoire de ce petit prince sourd-muet, il n’a pas pu s’arrêter d’écrire et, pris dans cette frénésie créative, le projet a fini par devenir un manga.

Cela explique pourquoi le dessin et le scénario sont aussi différents du reste, un esprit enfantin nostalgique imprègne cette œuvre. Dessins très simples, peu détaillés, et scénario à la fois très simple et pourtant si profond.

Nous suivons l’épopée du Prince Bojji, fils de géant et héritier de la couronne, un petit garçon sourd-muet et frêle comme une brindille. Qui l’accompagne ? Son ami l’ombre. Leur objectif sera de faire de Bojji un grand roi puissant, capable de se hisser à la toute première place au classement des rois.

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Comme je l’ai dit plus haut, si le scénario du manga est magnifique, les dessins sont trop simplistes. Il n’y a presque aucun détail et le manque d’expérience de l’auteur dans ce médium se fait ressentir.
Heureusement, une adaptation en anime est sortie et celle-ci est excellente. Tout en étoffant l’esthétique et les arrière-plans, les magnifiques couleurs et l’animation fluide transforment une œuvre sympathique de par son scénario en véritable bijou. La musique médiévale qui parcourt le dessin animé est légère et optimiste. Elle donne une atmosphère joviale à l’ensemble. On a presque l’impression de regarder un dessin animé occidental, tellement ce style de dessin, de musique, change des autres animes japonais.

Pour ce qui est du scénario, je dois bien avouer avoir été très impressionné. Ranking of Kings repousse toutes les limites de la narration, bouleversant notre empathie et sensibilité. Qui aurait cru qu’une œuvre avec une façade aussi infantile cachait en son sein une des histoires les plus touchante que l’animation peut proposer ?

Ranking of Kings possède bien un personnage principal en la personne de Bojji, certes. Mais dans les faits, ce manga fonctionne presque comme une anthologie. Même si on a envie d’encourager ce petit héros vertueux tout du long, le soin apporté aux autres personnages est juste décoiffant. Chaque personnage secondaire sans exception possède à la fois une origine détaillée, mais aussi des objectifs, des valeurs et des sentiments complexes qui lui sont propres et qui font avancer l’histoire par leurs exécutions.

A l’écran, de nombreux sujets difficiles défilent. Ils sont développés avec beaucoup de délicatesse, de sensibilité. On nous parlera de deuil, discrimination et regrets. En se souvenant que rien ne peut balayer un amour sincère et rien ne peut vraiment séparer les cœurs conjugués, nos personnages traceront la voie vers un plus bel avenir.

Chaque mal provient de quelque part. L’âme humaine tend naturellement vers le bien mais les blessures du passé peuvent nous pousser à nous méprendre. Mais c’est aussi en traversant des épreuves qu’on apprend, qu’on comprend, et qu’on grandit… vous pouvez compter sur Bojji pour vous le montrer.

Pierre Reynders

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Kobato, œuvre insignifiante de CLAMP ? Part 2

/!\ SPOILER. Critique à lire si vous avez terminé la série Kobato. En attendant, jetez un œil sur la première partie de la critique. C’est gratuit. /!\

Évitons tout suspens inutile. Kobato n’est pas une œuvre qui transcende mais elle n’en est pas moins signifiante. Lorsque je referme le dernier tome de cette histoire, j’ai le sourire aux lèvres et ce, pour plusieurs raisons.

Mon héroïne, celle que j’encourage depuis le début, a accomplit sa quête. Les autrices du collectif CLAMP réussissent à ne pas briser, à ne pas me lasser des liens qui m’unissent à leur univers. La compassion que j’ai envers Kobato et ses amis est maintenue, tout au long des 6 tomes.

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Outre le développement des personnages l’intrigue réussit à me choper. L’enjeu est devenu plus intéressant : finalement, récolter les sentiments blessés des gens n’est plus la mission principale de la protagoniste. Elle doit faire un choix douloureux. Elle n’est pas seule maîtresse de son destin. Elle est liée à la destinée d’autres âmes. Elle doit prendre des décisions douloureuse pour sauver son univers.

MAIS ce que j’aime le plus dans cette œuvre, et qui la différencie des autres, est que C’EST UNE BOUFFEE d’air frais ! A la première lecture, j’avais compris l’intrigue, les enjeux et la fin (qui même si elle est tirée par les cheveux, reste agréable à lire, on est heureux pour Kobato).
Via Tsubasa Reservoir Chronicle et XXXHolic, CLAMP nous emmène dans les tréfonds de réflexions mystiquo-philosophiques. Des réflexions saupoudrées de distorsions temporelles, où parfois, plusieurs relectures sont nécessaires pour tenter de tout comprendre. Kobato amène une petite pause pour se ressourcer entre 2 histoires complexes. Ce manga ne transcende pas de par la profondeur de son récit. Cependant, il est signifiant par l’équilibre qu’il apporte à l’univers de CLAMP, grâce à sa douceur, sa simplicité.

Mouche

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Insomniaques

Dormir le jour et rester debout la nuit. Quelle plus poétique façon de fuir la réalité ?
La nuit lorsque nous allons dormir, c’est un peu comme si on prenait un raccourci jusqu’au lendemain. Mais… si on désire que le matin n’arrive jamais, autant ne pas dormir. Puis, confronté à la brulure de la lumière du soleil, on s’endort, priant que le temps s’efface avec nous. Je voudrai que tout s’arrête.

Insomniaques est un manga d’une rare douceur. Classé dans les seinen, probablement à cause de son ton mature et poétique, il raconte pourtant l’histoire très simple d’une paire de camarades de lycées tombant lentement amoureux l’un de l’autre.

Ganta Nakami est insomniaque. Il ne se souvient plus depuis quand mais pas moyen de s’endormir la nuit. Il passe donc ses journées de classes à somnoler et ses pauses à trouver un endroit où se coucher. C’est dans une vieille salle d’astronomie abandonnée qu’il trouvera le calme et la paix, mais aussi qu’il rencontrera Isaki Magari. Isaki est une fille de la même année que lui, optimiste et enjouée qui se trouve être insomniaque, tout comme Ganta. Sympathisant rapidement de par leur affliction commune, ils devront monter à deux un club d’astronomie afin de sauvegarder ce havre de paix qu’est l’observatoire ou ils se retrouvent à chaque occasion. C’est ainsi qu’ils apprennent lentement à se connaitre et à rejoindre leurs univers nocturnes de solitude.

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Nous passerons la totalité du temps alloué de ce récit à voir ces personnages attachants se construire un monde. L’infinité de la nuit est propice à la romance, à la poésie. L’isolation et le calme donnent l’opportunité à nos protagonistes d’êtres seuls au monde et de raconter une histoire d’amour aussi légère qu’un nuage et d’une intimité aussi profonde qu’un ciel étoilé. Ganta va voir sa vie changer quand cette nouvelle raison de rester éveillé va transformer son tourment personnel en fantastique intérêt : pour alimenter les activités du club, il découvrira la photographie du ciel nocturne et de la fille qu’il aime.

Peu de mangas possèdent un découpage aussi étendu. Chaque dessin laisse à l’autre l’occasion de respirer. Une impression de douce brise et de sérénité se dégage des pages au simple feuillettement. La taille des cases est impressionnante. L’auteur n’a aucun scrupule à utiliser une demi-page entière pour une simple expression. Puisque nous suivons la plupart du temps la perspective de Ganta, nous observons de très nombreux plans contemplatifs de Magari, au fil des pages. Les détails, mais aussi la simplicité des points de focus centrés sur notre demoiselle, transmettent sans mot dire la tendresse du regard porté et l’amour profond partagé par nos héros. Couplez cela à de nombreuses représentations époustouflantes de la nature sauvage et bien sûr, du sacro-saint firmament, gardien de leurs histoires, nous avons là un manga splendide.

Un anime est prévu pour 2023. J’en attends beaucoup de la trame musicale. Elle pourrait apporter énormément de personnalité et de sensibilité à cette œuvre déjà si belle.

Pierre Reynders

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TOP MANGAS 2022

Il est bon d’être fan de manga. Cette année nous régale vraiment. One Piece a fait revivre le feu sacré des fans en se lançant dans sa dernière saga avec un panache inégalé. Les animes de cette saison d’automne sont en train de redéfinir les standards de qualité de l’industrie. La surreprésentation de la fantasy est enfin en train de ralentir un peu pour laisser place à un peu plus de variété. Et cerise sur le gâteau, Hunter X Hunter fera son retour triomphal.

Les nouvelles sorties de cette année ne reflètent pourtant pas cet état d’esprit positif. J’ai eu l’impression que beaucoup de nouvelles œuvres abordaient des sujets sombres comme la mélancolie, le deuil et la perte de repère. Il semblerait que la société que le covid laisse derrière nous porte en elle un vent de désespoir qu’il est important d’aborder.
C’est donc sans surprise que les trois meilleures nouvelles sorties en librairie de l’année sont des œuvres adultes sombres réussissant à cristalliser ce besoin d’expression.

En première position, nous retrouvons la nouvelle œuvre de Sui Ishida (Tokyo Ghoul) que j’attendais avec impatience. Même si le récit prend un peu de temps avant de démarrer, l’auteur a clairement profité de sa pause pour raffiner encore ses dessins. D’ailleurs, les cases débordent de style et de personnalité. J’ai particulièrement hâte de voir la suite.

Ensuite, le nouvel opus de l’auteure du cultissime Dorohedoro. On a clairement affaire ici à un ovni. A contempler : des dessins très détaillés avec un style brut et crasseux. Un univers foisonnant, déjanté et mystérieux. Un récit où tenter de comprendre ce qu’il se passe ne sert pas à grand-chose, mais où on se laisse entrainer volontiers.

Enfin, présentons une surprise inattendue nommée Boy’s Abyss. Ce drame psychologique est une belle réussite. Pour un thème assez peu représenté (découvrez pas vous-mêmes), le dessin est très beau, bien qu’il manque un peu de personnalité. La poésie intrinsèque, la complexité de chacun des personnages, et surtout le rythme du récit exécuté parfaitement, réussissent à envouter le lecteur. –Pierre Reynders

TOP 3

  1. Choujin X – Sui Ishida

  2. Dai Dark – Q Hayashida

  3. Boy’s Abyss – Ryou Minenami

Cette année fut si particulière. Je ne me suis jamais autant intéressé aux bandes dessinées. Découvrant de fond en comble l’univers d’Urasawa, m’émerveillant encore devant les récits de CLAMP ou adorant l’inventivité subversive de Fujimoto, je suis optimiste quant aux futurs travaux des mangakas.

Actuellement, un et un seul défaut se note parmi leurs propositions artistiques. Un maudit thème revient sans cesse, jusqu’à lasser les plus passionnés de lecture… la chasse aux démons. O combien de mangas abusent de ce fil narratif ! On n’en peut plus ! Heureusement, quelques exceptions font encore rêver. Pensons à Chainsaw Man.
Mon classement s’éloigne donc de la thématique maintes fois répétées. Laissons savourer le goût du vomi aux fanatiques.

Le recueil de nouvelles de Tatsuki Fujimoto. La série riche en émotions de Kôhei Horikoshi. La dernière dinguerie de Q Hayashida. Mes coups de cœur de l’An ont de la gueule ! Ces lectures provoquent diverses sensations. Peur. Admiration. Soif de curiosité. Je ne demande qu’à découvrir les nouvelles planches de ces auteurs. Leurs aventures me font toujours rêver, qu’elles soient sordides ou émouvantes. –DRAMA

TOP 3

  1. 17-21 – Tatsuki Fujimoto

  2. My Hero Academia – Kôhei Horikoshi

  3. Dai Dark – Q Hayashida

Illustration ©Antoine Wathelet

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Kobato, œuvre insignifiante de CLAMP ? Part 1

Vous avez peut-être déjà lu ou entendu parler des mangas Card captor Sakura, Tsubasa Reservoir Chronicle, XXXholic ou de X. Leur point commun ? Outre d’avoir été écrits par les mêmes auteures, les personnages, tout en ayant leur histoire propre, évoluent dans un multivers magique et intriguant où leur destin est lié. La plus grande force de ces autrices est d’arriver à susciter en nous une ferveur pour la vie de leur héros, un enthousiasme vis-à-vis pour leur parcours et un émerveillement pour les mondes qu’elles nous offrent à voir à chaque série qu’elles publient. L’une n’est pas le réchauffer de l’autre. Leurs mangas ensemble sont un peu comme une fratrie liée par la famille, où chacun diffère par sa personnalité.

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Kobato, écrit et dessiné par CLAMP en 2005, s’inscrit dans cette lignée. Il narre l’histoire de Kobato, jeune fille maladroite et attachante qui va devoir, pour pouvoir réaliser son vœux, remplir une bouteille de Sentiments Blessés. Tout cela accompagnée de son ami peluche Ioryogi qui lui crache des boules de feu quand elle casse quelque chose ou dit un truc de travers. Sa quête et son sens ne sont pas encore totalement développés pendant ce tome, je m’y pencherai lors de la seconde critique. Nous retrouvons très vite des similitudes avec les histoires de ses prédécesseurs, ce qui ne fait qu’accentuer cet aspect de connexion entre les mangas. Comment sont les traits de caractère des personnages principaux, l’ambiance ou l’humour ? Alors, d’où Kobato est-il différent ? Où se joue sa propre destiné dans ce multivers ?

N’étant qu’au tome 1, je ne vais pas pouvoir répondre à ces questions tout de suite. Désolé de vous décevoir. MAIS. Il y a une petite chose qui a attiré mon attention et qui est propre à cette œuvre (en tout cas, parmi celle que j’ai pu lire). Très vite dans les précédentes histoires, les personnages principaux sont entourés d’autres humains au courant de leur pouvoir, leur mission, et qui vont les accompagner dans leur destinée. Ici, nous sentons Kobato et Ioryogi très seules. Ce qui nous donne envie de les soutenir, de leur dire que tout se passera bien. A lecture du manga, nous avons une place un peu plus particulière. Comme si cette fois, c’était nous les acolytes des héros. Faire partie intégrante du l’histoire, avoir une place d’actrice dans l’intrigue, me pousse à continuer le manga. Non pas pour savoir si notre protagoniste va réussir à accomplir son rêve, mais parce que je veux l’y aider. Cependant, cela est-il suffisant pour faire la différence ?
Suite dans la prochaine critique !

Mouche

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L’écriture de Fujimoto

Il faut donc la catastrophe pour que les choses rentrent dans l’ordre.

Chloé Thomas, spécialiste de littérature américaine, l’écrit dans la préface de Comment raconter une histoire. Ce recueil regroupe de courts récits de Mark Twain (1835-1910), notamment connu pour Les Aventures de Tom Sawyer. L’humour de Mark Twain concorde avec celui d’un jeune mangaka japonais : Tatsuki Fujimoto.

D’abord aux manettes d’une œuvre métaphysique et viscérale nommée Fire Punch, le dessinateur enchaîne les succès. En janvier dernier, même le Festival d’Angoulême le mettait à l’honneur, excusez du peu ! Un mangaka aussi jeune n’a jamais été célébré par le festival. Aujourd’hui, Chainsaw Man est la fiction qui fera de lui un auteur incontournable, grâce à son adaptation anime.

Quelle bande dessinée permet de mieux comprendre son ironie et étourdissante écriture ? Une anthologie de nouvelles demeure une belle porte d’entrée à son univers fou. Au rendez-vous : de nombreuses histoires courtes travaillées dès ses 17 ans. On y retrouve des antihéros naïfs, des rêveurs obstinés, et bien sûr, des évènements surnaturels totalement délirants.
Rien n’est si absurde à la lecture. Les personnages de Fujimoto suivent toujours des objectifs précis (déclarer sa flamme, devenir cosmonaute, etc.). Ensuite, ils tracent leur route de la manière la plus surprenante.

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D’ailleurs, ces divers éléments font la force de l’auteur. A chaque page, on se voit surpris des décisions prises, des paroles délivrées, des actions imprévisibles. Comme si ces protagonistes étaient à l’image de leur dessinateur… car Tatsuki Fujimoto est un battant ! A l’âge de 17 ans, il vient en aide aux sinistrés d’un séisme, en région de Tohoku. Par la suite, partager 17-21 devient alors un acte libérateur.

Il me semble qu’étrangement, le processus a eu pour effet d’atténuer un peu mes angoisses. En observant ce présent recueil ainsi apaisé, je me suis souvenu de plein de choses : que je ne dessinais pas seulement submergé par l’impuissance, mais aussi avec la faim au ventre ; que durant tout ce temps, je m’exerçais au dessin avec mes amis… et des souvenirs heureux me sont revenus en mémoire, au point de me demander pourquoi je n’avais gardé en tête que les moments sombres. C’est pourquoi, aujourd’hui, je suis heureux qu’au-delà de Look Back, ces histoires courtes aient elles aussi été éditées. -Tatsuki Fujimoto, extrait de 17-21

Son autre force est sans nul doute son style à la fois comique et transgressif. Chloé Thomas pointe encore une similitude entre lui et Mark Twain. Ce dernier fait en sorte d’illustrer de drôles de paradoxes grâce à son écriture directe, franche, brutale, américaine.
2 visions se rejoignant pour admettre qu’aimer la vie, c’est d’abord défier la mort.

DRAMA – Illustrations ©Tatsuki Fujimoto

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Dororo

Dororo est un manga du légendaire Osamu Tezuka. Nous avons droit à une réédition sortie le 3 février 2021 chez l’éditeur Delcourt/Tonkam. Originellement parue dans les années 60, cette œuvre n’est pourtant pas la plus connue de celui qui est considéré comme ‘le dieu du manga’. Un anime du nom de Dororo to Hyakkimaru est diffusé en 1969. Mais l’initiative la plus connue de cette œuvre reste la réadaptation en anime de 2018. Produite par Mappa, celle-ci nous livre une animation plus moderne. Le manga original est le sujet principal de cette critique. Continuer la lecture

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TOP MANGAS 2021

2021 signe un renouveau pour les mangas ! Après un 2020 au rythme de publication très ralenti, mais riche en nouveautés, ces derniers mois ont été enrichissants en termes de lectures.

Ce fut une année à marquer d’une pierre blanche. La fin de L’Attaque des Titans restera un évènement historique, tant ce manga est devenu un classique de la BD japonaise. Le tome 100 de One Piece arrive bientôt, après plus de 24 ans de publication. My Hero Académia surprend, en prenant une tournure bien plus dramatique lors de son dernier arc en date. On a également vu la grande montée en popularité du nouveau béhémoth du shonen : Jujutsu Kaisen, qui, j’en suis sûr, continuera d’égayer les amateurs de bastons pendant de nombreuses années. Et surtout, du côté des mangas pour adultes, Chainsaw Man demeure la sortie bimensuelle qui nous aura fait saliver. Son scénario déjanté et tumultueux ne laisse pas de marbre. Chaque nouveau tome était un évènement.

Mon top, comme chaque année, vise à mettre le projecteur sur les mangas dont la publication a commencé en 2021, et pas avant (comme ceux cités précédemment).
Savourez ma petite liste des meilleures nouveautés mangas !

On a de tout ici : du shonen trépidant avec Blue Lock, l’histoire d’amour relaxante de Insomniaques et, cerise sur le gâteau, un émouvant drame à propos du développement de soi à travers l’art grâce à Blue Period.
Que de bons investissements pour agrandir votre bibliothèque en 2022 ! –Pierre Reynders

TOP 3

  1. Blue Period – Tsubasa Yamaguchi

  2. Blue Lock – Yusuke Nomura & Muneyuki Kaneshiro

  3. Insomniaques – Makoto Ojiro

2021 a été une drôle d’année. L’industrie du manga n’échappe pas à ce constat. Beaucoup de chefs d’œuvres ont livré leurs dernières pages : Beastars, Horimiya, Seven Deadly Sins,…

Quelle est la fin la plus marquante ? Sans aucun doute celle de L’Attaque des Titans. Isayama nous quitte définitivement avec une fin poétique mais surtout cohérente.
Il y a aussi eu des retours en force, comme Sui Ishida avec Choujin X, sa toute nouvelle série déjà prometteuse. 2021 a aussi été synonyme de découverte. Tokyo Revengers… Comment ne pas vous en parler ? Pour le résumer simplement, le récit est centré sur un petit gars retournant dans le passé. Dès lors, il y joue le gangster à seulement 14 ans. Je caricature, bien évidemment. À l’instar de mangas cruels comme Bonne Nuit Punpun, Tokyo Revengers m’a fait énormément pleurer. Comme si on me foutait de gros coups de pied dans le ventre. Ce titre m’a également fait découvrir un personnage aussi attachant qu’incroyable : Baji.

Notons que Demon Slayer et Jujutsu Kaisen ont réussi à retourner toute l’industrie du manga, à l’image d’un combat WWE sans foi ni loi. Puis, One Piece livre prochainement son historique tome 100. Encore merci à Oda…

Quant à Junji Ito, il est redevenu populaire ! Le maître de l’horreur a eu droit à trois grosses rééditions en français (ses œuvres majeures) : Uzumaki, Gyo et Tomié. Sensor est également sorti. Ainsi qu’un gros pavé réunissant dix one shot, sortis en novembre dernier.

Le manga le plus curieux de cette drôle année est bel et bien Komi Can’t Communicate. Un excellent slice of life que je vous recommande chaudement. Son humour décalé a le don pour me faire éclater de rire à chaque chapitre. Un manga si singulier et pourtant… pas encore adapté en français !

Pour finir, M-E-R-C-I Togashi pour ce tant attendu tome 37 de Hunter × Hunter !!! –anti

TOP 3

  1. L’Attaque des Titans – Hajime Isayama

  2. Les œuvres de Junji Ito

  3. Tokyo Revengers – Ken Wakui

Deux auteurs ne passent pas inaperçus cette année. Hajime Isayama et Tatsuki Fujimoto concluent leur récit de manière mémorable. Le premier réalise un chef d’œuvre, qui, je l’espère, sera étudié tant sa narration est éblouissante. Le second signe la fin de la première partie d’un manga subversif, cynique, excitant !
Quant au maître Urasawa (
Monster, Pluto), j’ai hâte de connaître le message final d’Asadora.

Néanmoins, cette année apparaît assez sombre à l’annonce d’un décès… Kentaro Miura sera pour toujours un auteur incontournable de dark fantasy. Vive Berserk, une œuvre inoubliable.

Revenons-en aux sorties. Ce fut une belle cuvée. Reste à savoir quelles seront les prochaines BD à rejoindre un tel niveau d’écriture. Alea jacta est ! –DRAMA

TOP 3

  1. L’Attaque des Titans – Hajime Isayama

  2. Chainsaw Man – Tatsuki Fujimoto

  3. Asadora – Naoki Urasawa

Illustration ©Galynn

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Solo Leveling : l’arrivée triomphante du webtoon en librairie !

Ça y est, ils sont là !

Si vous ne connaissez rien du concept webtoon, il est temps de vous mettre au jus !

Les webtoons sont des bandes dessinées coréennes destinées à la consommation sur internet. Présentés dans un format propice à la lecture sur téléphone ou tablette, ils contiennent souvent des histoires longues assez codées. Ces nouveaux produits culturels asiatiques se font une place de plus en plus dominante dans le marché de la bande dessinée.

C’est pourquoi, je ne suis qu’à moitié surpris de voir Solo Leveling, l’un des porte-étendards de ce nouveau mouvement, dans la vitrine de ma librairie locale. Alors, qu’est-ce que ça vaut ? Continuer la lecture

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Demon Slayer et son succès monstrueux

Demon Slayer (titre original : Kimetsu no Yaiba) explose littéralement les ventes de mangas ! Il en va de même pour l’industrie de la japanimation avec son dernier film en date. Au Japon, le récit se termine pourtant en 23 volumes l’année dernière. L’aventure s’achève mais une question demeure : pourquoi, mais surtout comment réussit-elle à vaincre One Piece en 2020, en étant première du classement des ventes japonaises de mangas ?

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La bonté de Trigun

Aimer la vie est facile quand vous êtes à l’étranger.
Là où personne ne vous connaît, vous tenez votre vie entre vos mains, vous êtes maître de vous-mêmes plus qu’à n’importe quel moment
. -Hannah Arendt

Cette citation pourrait s’apparenter au personnage de Vash lorsqu’on prend connaissance de ses origines. Ce n’est point le cas. Notre protagoniste traîne sur une planète désertique, où brûle deux Soleils, où prévaut souvent la loi du plus fort. Il évolue dans un univers assez dur, mêlant les codes de la science-fiction et du western.
Sa prime à 60 milliards de double dollars tombe lorsqu’il détruit la ville de July. Sauf que Vash n’a rien d’un monstre. Il subit une cruauté environnante qui ne cesse de l’entraîner vers de nombreuses catastrophes. Dès lors, les peuples lui collent l’étiquette de l’Ennemi Numéro 1. Heureusement, ses capacités à se défendre sont hors normes. Suffisent-elles à réduire le nombre de victimes sur son passage ? Pas vraiment.
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