La Folle Histoire de Max & Léon

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Le Palmashow débarque au cinéma…Et putain ça fait du bien !

Attention ! Les mots qui vont suivre, sont le reflet de la pensée d’une personne ayant de profonds griefs envers le cinéma français en général.

Plus la peine de présenter Gregoire Ludig et David Marsais. Le duo comique révélé par Internet a su se montrer au fil de ses dernières années plus que présents sur les réseaux sociaux et les chaînes télés. Bien qu’aujourd’hui ils soient encadrés par des groupes aussi importants que C8 et Canal+, cela ne les a pas empêché d’imposer au yeux du public une forme d’humour tout aussi populaire et captivante, à coup de sketchs et de vannes marquantes et fraîches.

Et rien que pour ça, on était en droit de s’inquiéter par rapport a leur soit disant passage sur le grand écran. Depuis un bon moment, il est de pratique courante que les stars d’Internet se déportent vers d’autres sentier battus : doublage, acting, spectacle, etc.

Vouloir retranscrire sous un long format la même qualité de sketch qui a permis à ses artistes de se faire connaître, est toujours un risque car ce qui marche sur 5-10 minutes, ne marchera pas forcément sur 1h30 de métrage. La preuve par le passé, avec le très oubliable (si ce n’est pas déjà fait) Pas très normales activités, mettant en vedette la star du web « Norman fais des vidéos ».

C’est donc avec une légère appréhension justifiée que La Folle Histoire de Max et Léon, pouvait, comme ses congénères, se ranger au rang des œuvres cinématographiques françaises, dispensables et oubliables.

Sauf que, sonnez les trompettes, Max et Léon n’est pas une simple curiosité dans le paysage français ou bien une vulgaire farce mettant en avant le duo comique pour leur popularité.

La Folle Histoire de Max et Léon est un vrai film d’aventure à la française, saupoudré d’une dérision comique sur fond de Seconde Guerre mondiale. Dans la droite lignée des 7ème compagnie, Grande Vadrouille, Papy fais de la résistance et j’en passe, le film narre les péripéties de deux amis d’enfance, Max et Léon, obligés de s’engager pour aller faire la guerre, mais qui feront tout pour y échapper.

Si on aurait pu croire en premier lieu à une parodie totalement assumée de Inglorious Basterds, le film préfère se concentrer sur le destin de ces deux personnages principaux qui suivront le schéma classique de l’aventure, ce qui est la véritable force du film. Réticents et froussards, les 2 anti-héros que sont Max et Léon apparaîtront d’abord au yeux du public comme des figures cartoonesques traditionnelles du cinéma français, réussissant à échapper de nombreuses fois à leur responsabilités pour se retrouver, au final, pris dans d’autres encore plus importantes qui les pousseront à accepter la petite part d’héroïsme qui sommeille en eux.

Il serait d’abord intéressant de faire la comparaison sur l’enchaînement des rebondissements que vivent le duo dans le film mais qui sont aussi bien le miroir des aventures des deux artistes dans la vie réelle. D’abord petites stars du net, puis grandes figures télévisuelles du divertissement, Max et Léon répondent aussi à ce schéma, puisque étant des inconnus totales plongés dans un univers et un contexte qui les dépasse, les deux nouveaux venus en viendront à se créer leur propre légende par le langage cinématographique et comique.

De péripéties en péripéties, chacun se forgera sa propre histoire et par logique sa propre quête de la maturité en choisissant quel chemin suivre! L’amour pour l’un, la paternité pour l’autre, renvoyant au parcours traditionnel de l’aventure et du héros, celui de l’avant et de l’après.

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Mais pour en revenir à sa force, si le film du Palmashow fonctionne réellement, c’est qu’à la différence des autres grosses comédies qui sont sorties cette année, comme Aladin, La Tour de Controle inférnal,… C’est qu’à aucun moment on doute de la crédibilité du duo en question, car celui-ci cherche avant tout à nous attacher à ses 2 héros improbables avant de les lâcher dans la nature. On pourra toujours pinailler et dire que telle vanne ne fonctionne pas ou que tel gag était dispensable, mais on ne le répétera jamais assez, l’humour est quelque-chose de subjectif. Au delà de l’aspect parodique du film, qui existait déjà dans les autres œuvres citées ci-dessus, celle du Palmashow fonctionne mieux car on ne ressent pas la lourdeur habituelle de ce genre de production. L’idée n’étant pas de faire rire un public précis, mais juste de faire rire et ça, quelque soit le public. Car autant le dire tout de suite, dans ce film tout le monde en prend pour son grade, il n’y a pas de favoritisme.

A force de prendre des pincettes, le cinéma français contemporain s’est enferré dans des outrances de plus en plus grotesques. Voulant adapter leur humour soit à un public de jeunes dont on ne conçoit pas le besoin ou l’envie même d’être surpris, soit à un public de ménagères qui ne souhaite pas être choqué, voire légèrement bousculé dans sa bien-pensance, et qui trouve encore ça drôle et subversif qu’une famille française soit dépitée lorsque la cadette veut se marier avec un homme de couleurs. On en arrive à des extrêmes comme Qu’est ce qu’on a fait au bon dieu ?!, c’est-à-dire des œuvres qui semblent renoncer à toutes velléités cinématographiques et qui ne se reposent que sur le sempiternel classique du cliché « français raciste » que tout le monde revendique.

Et pourtant, si il y a bien un thème que le Palmashow use et abuse aussi bien dans leur film que dans leurs sketchs, c’est bien celui du racisme. Cependant, mis entre les mains de personnes voulant l’utiliser à des fins comiques appropriées à leur style, cela devient tout d’un coup beaucoup plus plaisant à regarder.

Sortant une bonne fois pour toutes des sentiers battus, on se retrouve avec pléthore de gags et de personnages qui font avancer cette intrigue rocambolesque dont on souhaite se laisser porter.

On regrettera quand même un manque d’audace visuelle dans la mise en scène (ce qui est assez propre au genre du film d’aventure), mais on mettra ça au crédit du budget et des moyens français alloués au film. Par chance, si le film ne se réinvente pas dans la mise en scène, celui-ci fait au moins l’effort de perfectionner son écriture en évitant les pièges classiques du cinéma français et en accentuant l’aspect parodique de son univers. La scène d’introduction pré-générique du film est un monument à elle seule : elle donne très vite le ton du film et la direction qu’il souhaite emprunter. Cette manipulation visuelle très agréable, annonçant la suite de l’intrigue, ne sera pas sans décevoir : aussi bien à travers ses deux personnages principaux qu’à travers les nombreux et savoureux seconds couteaux présents.

La Folle Histoire de Max et Léon joue d’ailleurs très bien avec certains aspects classiques du genre des films de guerre avec des thèmes et des idées déjà vus et revus. Néanmoins, il prend un malin plaisir à les détourner au bon moment pour créer le gag. Faire du personnage féminin fort, une refoulée sexuelle, paraît sur le papier si simple, mais placé une fois à l’écran donne à la suite de l’intrigue une aura rafraîchissante qui ne cherchera pas a se prendre au sérieux, mais qui en revanche, le fera sérieusement.

Même les seconds rôles présents le temps d’une scène (ou deux) auront leur petits moments à eux qui feront mouches et iconiseront leur rôle dans cette folle aventure, à la fois ni trop appuyée ni trop forcée, le tout dans une gaieté et une légèreté plus que savoureuse.

Pareil pour les figures des méchants du film, dont on savoure la bêtise et la présence, ce qui donnera lieu à certains gags bien pensés, comme la scène d’affrontement final, digne d’un OSS 117.

Pour conclure, La Folle Histoire de Max et Léon nous offre un très bon moment de rigolades et d’aventures à passer en joyeuse compagnie et se targue même de porter un regard sur la génération que vise ce film. Le regard d’une génération pas vraiment prête à s’engager pour de mauvaises raisons, mais qui ne cherche qu’une bonne raison pour s’engager dans ce genre d’aventure.

Moi, j’appelle ça un coup gagnant !

Le Daron

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